L’excision s’effectue vers sept ans.
La patiente, allongée à même le sol, doit être prise en main par des femmes qui lui maintiennent les jambes écartées et tentent d’éviter les tressautements des cuisses lors de la section du clitoris. Le découpage doit être large car une excision limitée ne constitue pas une garantie suffisante contre le dévergondage des filles. Aucun instrument adéquat, aucune aide médicale, aucune anesthésie.
On opère avec un couteau ou un rasoir. L’intervention doit être minutieuse pour éviter les coups de tranchoir dans le périnée. Inutile d’avoir fait médecine pour comprendre que le tétanos, l’infection urinaire ou la septicémie ne sont pas rares.
Le moindre attouchement de la région déclenche de fulgurantes douleurs. Ces femmes-là ne risquent plus d’être utilisées par personne.
Parfois, on attache la veille de l’opération une ortie sur le clitoris de chaque fille pour que, gonflé, le capuchon soit facile à saisir avec une pince.
La cicatrisation demande deux à trois semaines au bout desquelles la jeune fille possédera un sexe bien net.
Avant son mariage, une femme n’a nul besoin de son vagin. Il est donc logique de le lui obturer.
Le clitoris ayant été préalablement arraché, on pratique une ablation des parois des grandes lèvres de manière à réduire les dimensions de la vulve à la moitié de l’orifice vaginal. On rapproche ensuite les parois mises à vif en maintenant les plaies en contact par une résine ou en transperçant les lèvres avec des épines d’acacia. En arrière, on laisse un minuscule orifice pour le passage de l’urine et du sang, que l’on maintient ouvert pendant la cicatrisation par une tige de bambou.
On imagine le calvaire qu’est la cicatrisation, les douleurs réveillées par le passage de l’urine, l’obligation de dormir et de marcher un coussin entre les cuisses pour ne pas comprimer la vulve boursouflée, grossièrement cousue et qui deviendra une cicatrice hideuse.
Il restera le soir des noces à couper la bande de garantie en présence du mari. La jeune épouse est rouverte au rasoir avant le passage de l’époux. On imagine sans peine ce que peut représenter l’amour pour des êtres ainsi torturés.